Leur importance actuelle provient d’une part, de leur valeur géostratégique, car ils se situent entre trois grandes puissances - Russie, Chine et Inde - et d’autre part, de leur grand potentiel énergétique, car ils disposent de toutes les énergies, y compris les énergies renouvelables. Du point de vue de la politique étrangère espagnole, ces pays présentent un intérêt dans deux domaines : en matière de sécurité, car certains d’entre eux ont offert des facilités logistiques au contingent espagnol de la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité) en Afghanistan, et ils demeurent des pays importants pour promouvoir la sécurité et la stabilité dans ce pays ; et dans le domaine économique, en raison de la présence de plusieurs entreprises espagnoles au Kazakhstan et en Ouzbékistan.
Avec une superficie totale d'un peu plus de 4 millions de kilomètres carrés, supérieure à celle de l'Inde, mais peuplée seulement de quelque 60 millions d'habitants, l'Asie centrale post-soviétique attire de plus en plus l'attention, non seulement en raison de ses ressources naturelles considérables, mais aussi en raison de sa position stratégique. Enclavés entre la mer Caspienne, le sud de la Russie orientale et le nord de la Chine, ces cinq pays, aux dimensions, à la population et à la situation socio-économique diverses, cherchent à se consolider par des alliances avec leurs deux grands voisins et des accords avec l'Union européenne et les États-Unis, tout en maintenant ses liens historiques et culturels avec la Turquie et l'Iran.
Cette région voisine de l’Afghanistan, pays limitrophe du Turkménistan, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan, fait non seulement office de digue de contention contre l'extrémisme islamiste afghan, mais elle se situe également à l’avant-poste dans la lutte contre le trafic de drogue en provenance de ce pays, qui d’après les données de l'ONU, produit près de 90 % de l'opium mundial.
Le Kazakhstan, le plus grand de ces pays, qui possède d'énormes réserves d'hydrocarbures et d'uranium, fait partie de l'Union économique eurasiatique depuis janvier 2015, avec la Russie, la Biélorussie, l'Arménie et le Kirghizistan, tout en maintenant des liens économiques et commerciaux étroits avec Union européenne, la Chine, la Turquie et d’autres pays de la zone ; et il n'exclut pas sa participation à des projets de transport de gaz naturel vers l'Europe via le Caucase du Sud. Il fait partie de l'Organisation de coopération de Shanghai, à laquelle appartiennent, outre la Chine et la Russie, trois autres anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale : le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Ces trois pays sont également membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance politico-militaire dirigée par la Russie et dont font également partie l'Arménie et la Biélorussie.
L’Ouzbékistan, le pays le plus peuplé de la région, avec près de 30 millions d’habitants, faisait également partie de l’OTSC, mais en juin 2013, elle a décidé de quitter l’organisation, car Tachkent s’oppose au renforcement de la composante militaire de l’alliance. Dans ses relations avec l'Afghanistan, l'Ouzbékistan a donc préféré mettre l’accent sur les relations bilatérales. Après le décès du président Karimov en 2016, l'Ouzbékistan a entamé une nouvelle étape politique. Depuis son élection en décembre 2016, son successeur, le président Mirziyoyev, a adopté un important programme de réformes et de modernisation de l'économie.
Contrairement à d'autres républiques d'Asie centrale, dont les régimes fortement présidentialistes puisent leurs racines dans le passé soviétique, le Kirghizistan a connu un processus de changements profond et convulsif, qui a abouti à une réforme constitutionnelle qui l’a converti en 2010, en la seule république parlementaire d'Asie centrale post-soviétique. Son économie est l'une des plus faibles de la région avec celle du Tadjikistan, qui dépendent toutes deux des fonds que leurs nombreux émigrés envoient de l'étranger, en particulier de la Fédération de Russie. Le Kirghizistan abrite une base aérienne de ce pays.
Dans les années 1990, le Tadjikistan fut le théâtre d’une guerre civile sanglante entre les communistes et l'opposition islamique, qui a pris fin en 1997, avec un accord de réconciliation nationale et l'incorporation d'opposants dans les structures de gouvernement. Cependant, en 2015, le président tadjik a décidé d’interdire le parti d’opposition de la Renaissance islamique et de renforcer ainsi son pouvoir de président de la République. Avec 1 300 kilomètres de frontière avec l'Afghanistan, le Tadjikistan, État dans lequel la Russie conserve une importante base militaire, est considéré comme un pays crucial pour empêcher le trafic de drogue du territoire afghan vers l'Europe via l'espace post-soviétique.
Le Turkménistan, le pays le moins peuplé d'Asie centrale et le second pays le plus étendu, possède le quart des réserves mondiales de gaz naturel, un hydrocarbure qui est le pilier de son économie. Depuis son indépendance de l'Union soviétique, le Turkménistan a maintenu une politique neutre et développé un isolationnisme presque autarcique. Bien qu’il soit officiellement membre de la Communauté des États Indépendants (CEI) post-soviétiques, le Turkménistan s’est maintenu pratiquement en marge des processus d'intégration de cette organisation. Son économie est de plus en plus influencée par la Chine, principal client de ses exportations de gaz.